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Le bore out n’est pas une fable à la mode

Le bore out n’est pas une fable à la mode

5 à 7%, c’est le nombre de travailleurs français aujourd’hui victimes de bore out. Phénomène qui est loin d’être nouveau, l’ennui au travail fait tout de même débat parmi les institutions.

  • Peut-on réellement définir le bore out comme une maladie professionnelle ?
  • Doit-on ignorer les symptômes en prétendant qu’ils n’existent pas ?

Définition du bore out

Sans valeur juridique*, le bore out se caractérise par un fort ennui au travail. Inventé en 2007 par deux consultants suisses, le terme est aujourd’hui sur toutes les lèvres dès qu’il s’agit de définir une « mise au placard » au bureau. En quelque sorte, la victime a l’impression de ne servir à rien, de ne pas se trouver à la bonne place, ou d’être sous-exploitée par rapport à ses compétences / son niveau intellectuel. Contrairement au burn out, autre pathologie du monde du travail lié à un trop-plein d’activités, le bore out conduit tout autant à un épuisement professionnel, conjugué à un sentiment de honte. C’est aujourd’hui 32% des salariés européens qui seraient touchés par ce trouble psychosocial.

Causé par une absence ou un manque de travail, le bore out présente de nombreux facteurs :

  • Déséquilibre entre temps de travail et nombre de tâches assignées ;
  • Manque de sollicitation intellectuelle ;
  • Perspectives d’évolution quasi inexistantes ;
  • Baisse de régime liée à la quête de sens et d’utilité ressentie par le salarié.

*Dans le cas d’une affaire de bore out concernant l’entreprise Interparfums, l’avocat de la victime avait dû saisir le Conseil des prud’hommes pour “nullité au travail” et “harcèlement moral”.

Les conséquences du bore out

Les conséquences du bore out se déclarent sous différentes formes, affectant la productivité au travail et le mental du salarié :

  • Passer son temps à trouver des occupations (surfer sur Internet, multiplier les pauses-café, aller sur les réseaux sociaux…) ;
  • Se sentir inutile au travail, honteux et coupable ;
  • Broyer du noir à longueur de journée ;
  • Ne plus se sentir impliqué dans le projet de l’entreprise ;
  • Perdre toute estime de soi ;
  • Faire des erreurs à répétition ;
  • Se désintéresser de son travail, etc.

Au-delà de la présence de ces troubles psychosociaux, c’est surtout leur durée qui inquiète : si l’ennui au travail reste ponctuel, inutile de vous ronger les sangs. Vous risquez surtout un bore out lorsque ces phénomènes s’inscrivent dans le temps !

Comment prévenir le bore out au travail ?

La première action à mener pour prévenir le bore out au travail, c’est une meilleure formation des managers, qui doivent améliorer leur capacité d’écoute. Pourquoi ? Tout simplement pour mieux connaître les capacités et les compétences de chaque salarié, pour confier des tâches adaptées à leurs connaissances.

C’est pourquoi des entretiens doivent être menés pour :

1. Identifier les ambitions et les ressources
2. Définir des perspectives d’évolution et des objectifs précis
3. Interroger les salariés sur leur ressenti au travail

  • se sentent-ils heureux dans leur poste ?
  • Ont-ils l’impression d’être reconnus ?
  • Que faudrait-il pour améliorer leur condition ?

La perte d’enthousiasme, de concentration et de satisfaction des équipes sont également des signaux qui doivent alerter les dirigeants. D’où la nécessité d’engager un véritable dialogue avec les salariés. En effet, un employé désengagé, c’est de l’absentéisme, un turn-over plus important, des arrêts de travail à répétition et des dépressions (qui peuvent avoir de graves conséquences). Rappelons d’ailleurs l’obligation de résultat de l’employeur, en ce qui concerne la santé et la sécurité des employés : toute entreprise peut être tenue pour responsable en cas de troubles psychosociaux liés à l’environnement de travail. D’autant plus que 61% des salariés estiment que le bien-être au travail est plus important que le salaire. Alors, faites-vous fausse route avec vos employés ?

Comment savoir si on souffre de burn-out : le test

Répondez aux questions suivantes par oui ou par non :

1. Vous ne vous sentez plus impliqué dans l’entreprise
2. Vous vous ennuyez sur des tâches qui vous plaisaient jusqu’à présent
3. Votre concentration est au plus bas, vous êtes facilement distrait
4. Vous ne vous fixez plus d’objectifs
5. Vous passez plus de temps sur Facebook que sur votre boîte mail professionnelle
6. Vous traînez des pieds dès le lundi matin
7. Vous n’avez pas l’impression d’avancer dans votre emploi
8. Vous êtes tête en l’air
9. Vous surfez sur Internet un peu trop souvent, au point de faire des achats en ligne depuis votre lieu de travail
10. Vous faites des erreurs constamment, alors même que votre rythme de travail est devenu très lent

Si vous répondez positivement à bon nombre de ces affirmations, vous êtes sûrement en train de faire un bore out. Et quand on sait que les personnes qui s’ennuient au travail ont trois fois plus de chances d’être victimes d’une maladie cardio-vasculaire, il serait peut-être temps de prendre les choses en main.

Posez-vous dès lors les questions suivantes :

  • Depuis quand durent ces symptômes ?
  • Pourquoi je ressens ce sentiment de nullité ?
  • Quelles sont les actions à mettre en place pour inverser la situation ?

Alors, comment se sortir du bore out ?

Une reconversion professionnelle

Et si c’était le moment de changer de vie, de viser un nouvel objectif, plus ambitieux et plus personnel ? Discutez-en avec le service des ressources humaines de votre entreprise, et essayez de trouver ensemble des solutions qui peuvent provoquer un changement positif. Changer de poste, se faire muter à l’étranger, passer un concours pour évoluer, reprendre une formation pour se réinsérer professionnellement dans un autre domaine d’activité, changer de société, se lancer dans la création d’une entreprise : les solutions vous ouvrent les bras pour vous reconvertir !

Trouvez des tâches qui rémunèrent

Ce sont surtout les employés de bureau qui sont victimes de bore out, ce qui veut dire qu’un ordinateur n’est jamais très loin. Profitez-en pour rémunérer votre temps perdu en répondant à des sondages en ligne, participer à des panels de consommateurs ou vous inscrire à des offres rémunérées. Vous pouvez par ailleurs lancer une activité de freelance dans un domaine qui vous plaît, et rendre des services à des clients en proposant vos talents sur des plateformes (Fiverr, ODesk, 5euros…). Découvrez cet article simple à lire pour savoir comment réussir son activité de freelance.

Devenez créatif

Lancez-vous dans la création d’un blog (qui peut d’ailleurs parler du bien-être au travail : vous êtes bien placé pour donner des conseils), lisez des livres de développement personnel, apprenez une nouvelle langue ou à dessiner en suivant des tutoriels sur Internet : toutes les heures perdues au bureau peuvent devenir de véritables sources d’inspiration, pour vous développer et vous hisser vers le haut !

Des livres pour changer de vie :

  • Réfléchissez et devenez riche, de Napoleon Hill
  • Ta deuxième vie commence quand tu comprends que tu n’en as qu’une, de Raphaëlle Giordano
  • Miracle Morning, de Hal Elrod
  • Et j’ai dansé pieds nus dans ma tête, d’Olivia Zeitline

Devenez un collègue exemplaire

N’hésitez pas à parcourir les différents services de l’entreprise pour faire la connaissance d’autres collègues. Pour élargir vos relations dans un premier temps, mais également pour vous faire connaitre. Proposez aussi de l’aide autour de vous pour améliorer votre image, ou organisez des événements pour enrichir votre réseau professionnel (créer un afterwork entre collègues par exemple).

Réagir face à l’épuisement professionnel

N’acceptez jamais l’échec et refusez toujours de vous sentir « coincé » dans un travail qui vous déplaît. Les solutions pour sortir du bore out sont nombreuses, et peuvent parfois mener à de nouvelles opportunités dont vous ne soupçonniez même pas l’existence. Alors haut les cœurs, et prenez dès aujourd’hui le taureau par les cornes !

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Auteur de l'article

FABRICE ALLEGOET

Fabrice ALLEGOET est un formateur en droit du travail. Il est formé et rompu aux formations SSCT. Il a formé des dizaines d'apprenants et dispose d'une expérience particulière dans les domaines des risques psychosociaux et des pathologies psychiques. Il est aussi coach en développement personnel depuis 2015.

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