Tout d’abord, que nous dit notre cerveau quand il entend “risques psychosociaux” ? La définition se veut plutôt claire : les risques psychosociaux au travail sont les “éléments qui portent atteinte à l’intégrité physique et à la santé mentale du salarié”. En France, 36% des salariés signalent avoir déjà subi un comportement hostile dans leur environnement professionnel. Seulement 47% déclarent devoir souvent se dépêcher.
Stress, harcèlement, épuisement, violence… Autant de troubles du quotidien qui peuvent gâcher la vie des salariés !
Quelles sont les personnes les plus exposées ?
L’appréciation des risques psychosociaux au travail est difficile à évaluer, étant propre à chaque individu et à sa personnalité. Cependant, des profils à risque peuvent être définis pour certaines pathologies. Les familles monoparentales, les personnes à bas salaires ou les intermittents du spectacle sont souvent sujets aux RPS (risques psychosociaux).
Mais ce ne sont pas les seuls !
Dans des secteurs à haute valeur ajoutée, nombreux sont les profils d’origine sociale privilégiée qui font face à un burn out. Plus exposés au stress au travail, les travailleurs excessifs sont même en tête de liste des infarctus. On pourrait donc éventuellement prévenir les risques psychosociaux en étudiant le parcours et le niveau social de chaque salarié.
Êtes-vous exposé aux risques psychosociaux au travail ? Faites le test !
Les facteurs qui favorisent les RPS
Les derniers chiffres en France révèlent une augmentation significative des RPS en France. 36% des salariés déclarent avoir déjà fait un burn out, contre 54% chez les chômeurs. En cause ?
- charge de travail ;
- masse d’informations à traiter ;
- caractère répétitif des tâches ;
- organisation du travail abstraite ;
- manque de reconnaissance ;
- management peu participatif ;
- ou encore mauvais espace de travail.
Voilà nombre de facteurs liés à l’entreprise qui entraînent des risques psychosociaux.
Quels sont les cas les plus fréquents de risques psychosociaux au travail ?
- Le stress
72%, c’est le nombre de salariés qui disent subir un stress régulier dans leur travail ! Réalité persistante, le stress provoque des impacts négatifs sur la santé et peut déclencher des maladies mentales (épuisement, dépression).
- Le burn out
Vous êtes-vous déjà posé la question de la traduction de burn out ? C’est “brûler de l’intérieur, se consumer”. Une traduction qui en dit long sur la douleur ressentie par le salarié atteint. Conséquence directe du stress chronique, il se caractérise par une fatigue intense et une grande détresse. 36% des français auraient déjà été victimes d’un burn out ! Comment reconnaître le burn out ? La réponse ici !
- Le bore out
À l’inverse du burn out, le bore out présente les mêmes symptômes, mais pas les mêmes causes. Ici, l’ennui au travail et le désintérêt des tâches confiées sont les principales responsables. Souvent sous-estimé par les managers, le bore out est susceptible de toucher près de 30% des salariés (soit une personne sur trois).
- Le harcèlement
Reconnu comme un délit, on recense deux types de harcèlement en entreprise :
Le harcèlement moral
Il se caractérise par une conduite abusive (par des paroles, des attitudes ou des comportements répétés). Il peut s’agir d’actes perpétrés de la part des collègues ou du chef d’entreprise. Le harcèlement moral dégrade les conditions de vie de la victime.
Le harcèlement sexuel
Il s’agit d’une violence qui porte atteinte à l’intégrité physique et psychique de la personne. Le harcèlement sexuel peut se traduire de différentes manières, de la pression pour obtenir un acte de nature sexuelle à l’action dégradante, en passant par la création d’une situation humiliante. Notez qu’il n’y a pas forcément de lien de subordination entre la victime et l’agresseur (propriétaire de logement, professeur de fac, collègue de travail…).
- Les violences ou agressions
Violence verbale en entreprise
Très répandue dans le monde du travail, la violence verbale se décline sous de nombreuses formes : accès de colère de la part d’un supérieur hiérarchique, menaces de collègues, injures, propos méprisants, etc. Véritable source de souffrance au quotidien, elle peut constituer des infractions punies par la loi.
Violence physique entre collègues ou avec des clients
Beaucoup plus courante qu’on ne l’imagine, la violence physique en entreprise se caractérise par des actes qui portent atteinte à l’intégrité physique (coups et blessures volontaires), entraînant des peines en fonction des dommages subis (de la contravention de 4ème classe à la peine d’emprisonnement jusqu’à 15 ans dans les cas les plus graves).
Quels sont les symptômes et les conséquences des risques psychosociaux ?
Que ce soit la peur sur le devenir de son emploi, les exigences imposées par son supérieur hiérarchique, le management autoritaire ou l’absence de reconnaissance professionnelle, nombreuses sont les causes des risques psychosociaux. Longtemps mis sur la touche, le diagnostic des conséquences liées aux RPS n’est pas toujours facile. Alors, quelles sont les différentes pathologies ?
Pour le salarié
De nombreux troubles découlent des risques psychosociaux au travail. Alors que 41% des salariés se disent stressés, ils sont pourtant 64% à en éprouver les symptômes. Souvent méconnus, les impacts des troubles psychosociaux se caractérisent de différentes manières. Les conséquences peuvent en effet se révéler désastreuses : troubles du sommeil, troubles émotionnels, troubles digestifs, hypertension, dépression, crises d’angoisse et problèmes cardio-vasculaires. Et dans les cas les plus graves, suicide ou tentative de suicide (onze salariés de l’entreprise Orange ont mis fin à leur jour en 2013 à cause de troubles psychosociaux).
Pour l’entreprise
Les risques psychosociaux n’impactent pas uniquement les salariés : les entreprises en souffrent également. En France, le stress professionnel aurait coûté au minimum 2 à 3 milliards d’euros en 2007 (30% des arrêts de travail seraient liés à des troubles psychosociaux). La bonne marche d’une entreprise peut donc être altérée par un fort taux d’absentéisme (souvent signe d’un désinvestissement du travail de la part du salarié), des grèves, une productivité en baisse, une augmentation du turn-over (rotation de l’emploi) et des actes de malveillance.
La réglementation des risques psychosociaux
Depuis la loi du 31 décembre 1991, l’employeur a pour obligation d’assurer la sécurité et protéger la santé des salariés. Mais c’est véritablement à partir de 2002, avec le décret de loi de modernisation sociale du 17 janvier, que les risques psychosociaux au travail sont ajoutés et pris en compte dans la législation du travail, au même titre que tous les autres risques professionnels. Cette même loi implique par ailleurs la responsabilité de l’employeur dans les atteintes à la santé mentale ou physique des salariés de l’entreprise (article L4121-1 à 5 du Code du travail), et vise à prévenir le harcèlement moral au travers de différentes actions de (avec obligation de résultat) :
- prévention des risques professionnels ;
- d’information et de formation ;
- mise en place d’une organisation et des moyens adaptés.
Le stress et la qualité de vie au travail
Deux accords nationaux interprofessionnels (ANI) sont signés le 2 juillet 2008 pour encadrer le stress au travail, puis le 19 juin 2013 pour la qualité de vie au travail (conditions, organisation, ambiance). Ces ANI ont pour but de rappeler à l’employeur son rôle dans la consultation avec les salariés ou les représentants du personnel, et de mettre à sa disposition des d’outils pour dépister et prévenir le stress, le harcèlement ou la violence au travail. Depuis, de nouveaux aspects de risques psychosociaux sont pris en compte : la pression au travail ou encore le droit à la déconnexion.