Bien qu’identifié depuis les années soixante-dix, l’épuisement professionnel n’est toujours pas considéré comme une maladie. Consécutif à une situation de stress chronique, le burn out au travail reste difficile à définir et à prévenir. Caractérisés par une fatigue physique, émotionnelle et mentale, ses symptômes peuvent détériorer rapidement l’état de santé des victimes.
Alors, sauriez-vous reconnaître les signes du surmenage professionnel ?
Des chiffres de plus en plus inquiétants
Selon les derniers chiffres apportés par l’Assurance maladie en janvier 2018, près de 10 000 cas de surmenage professionnel ont été reconnus comme accidents du travail. En 2016, 596 l’ont été en tant que maladie professionnelle. Le risque de burn out est aujourd’hui estimé à 17 %. Cela représente près de 4,9 millions de travailleurs actifs sur un total de 29 millions.
Les cibles potentielles de l’épuisement professionnel ?
Les quadragénaires obnubilés par leur travail, et toute personne officiant :
- dans le secteur des transports terriens,
- du commerce de détail,
- de l’hébergement médico-social
- ou encore de l’administration publique.
L’épuisement professionnel peut survenir à tout âge, dans tout domaine d’activité et en fonction de votre sensibilité à la pression.
Un peu d’histoire sur le burn out
On entend le mot “burn out” la toute première fois dans les années soixante, pour désigner un épuisement excessif lié au travail. Mais ce n’est véritablement qu’à partir de 1974 que le psychanalyste new-yorkais Freudenberger rédige un premier article sur le sujet, et place le terme sur le devant de la scène. Ce dernier divise en 12 étapes les phases qui mènent à un burn out au travail, du besoin de reconnaissance personnelle à une ambition extrême. En France, le sujet de l’épuisement professionnel commence à être sur toutes les lèvres entre 2008 et 2009, quand une vague de suicides touche la société France Télécoms*.
Les risques psychosociaux sont alors au cœur de toutes les préoccupations
Ils trouvent même une issue avec la signature d’un accord sur la prévention et la gestion du stress au travail.
*Aujourd’hui attaqués en justice pour harcèlement moral, la société France Télécoms et son ancien dirigeant doivent répondre du suicide de 35 salariés, il y a un peu plus de 10 ans, avec un premier suicide en février 2008. Ici, ce sont surtout les méthodes de “management par la terreur”, menées de front par Didier Lombard, qui semblent être à l’origine de tous les maux.
Les facteurs du stress et l’épuisement professionnel
Bien que reconnu depuis maintenant une dizaine d’années en France, le burn out s’est durablement installé dans le paysage français professionnel. Il en est même presque devenu “normal” ! On compterait aujourd’hui plus d’un salarié sur deux (et deux cadres sur trois) victimes de stress chronique au travail. Les principales causes ? Pour 49% des salariés, la charge de travail excessive serait la première raison, même si des mesures souvent adoptées par les ressources humaines tendent à faire baisser ces estimations. L’organisation du travail est tout autant concernée, avec 37% des employés qui ont tendance à la remettre en cause. Le manque de reconnaissance (caractérisé par l’absence de soutien et la sensation d’isolement) vient également jouer les trouble-fêtes dans la bonne démarche de l’entreprise. C’est aujourd’hui près de 30% des salariés qui la pointent du doigt, tout comme la pression exercée par la hiérarchie (en hausse pour 28% des actifs).
Quelles sont les conséquences de ce stress au travail ?
Le burn out et la dépression ! Les conséquences du stress au travail se révèlent de plus en plus graves, et impactent aujourd’hui 60% des salariés sur le plan :
- psychique et émotionnel (troubles anxieux)
- interpersonnel (retrait social, agressivité)
- professionnel (manque d’implication, perte d’intérêt, absentéisme)
- physique (fatigue intense, insomnie, troubles de la digestion, tension artérielle)
Personnes les plus touchées par l’épuisement professionnel ?
Le surmenage professionnel n’a pas de victime idéale : il touche tous ceux qui ne font que penser au travail, au point de ne plus savoir concilier vie privée et vie professionnelle. Entre le numérique, qui entre de plus en plus dans notre quotidien et empêche la déconnexion avec le travail (mails, téléphone portable, ordinateur, etc.), le sentiment d’échec continuel (impression de ne servir à rien) et les pressions exercées sur le lieu d’activité, le burn out au travail peut cibler n’importe qui ! De plus, l’épuisement professionnel peut survenir à tout moment : c’est d’ailleurs pourquoi beaucoup de victimes disent “n’avoir pas vu venir la maladie”. Souvent dans le déni de leur souffrance au travail, elles présentent des troubles du sommeil auxquels elles n’ont pas pris temps de faire face, et méconnaissent la plupart du temps la définition même du burn out.
Comment se manifeste le burn out ?
Il faut bien différencier dépression et burn out. Dans le premier cas, le travail n’est pas forcément la source aggravante (même si elle peut contribuer à cet état), alors que l’épuisement professionnel est systématiquement lié à un stress chronique. On peut définir ce surmenage tant émotionnellement que physiquement.
Les symptômes sur le plan émotionnel
- Sentiment d’incompétence
- Perte de motivation
- Baisse de concentration
- Incapacité à prendre une décision
- Manque de confiance en soi
- Irritabilité, anxiété
Les symptômes sur le plan physique
- Fatigue chronique
- Douleurs persistantes (maux de tête, de dos)
- Éruptions cutanées
- Problèmes digestifs
- Perte ou gain de poids
- Troubles du sommeil
Alors, comment prévenir le burn out ?
1. Identifier les facteurs de stress
Une tâche que vous détestez faire, l’attitude d’un collègue que vous n’appréciez pas, la pression constante d’un supérieur hiérarchique… Nombreux sont les facteurs de l’épuisement professionnel. Vous devez dès aujourd’hui prendre du recul sur vos missions quotidiennes au travail, votre environnement et votre rapport vie privée – vie professionnelle. Mettez le doigt sur ce qui vous irrite le plus !
2. Détendez-vous au travail
Accordez-vous des pauses ! Vous ne pourrez malheureusement pas vous défaire des sources de stress professionnel qui vous irritent dans la journée. Essayez alors de conjuguer des activités qui vous plaisent avec votre journée de travail (faire du sport entre midi et deux, s’octroyer une pause-thé à 11 heures, boire l’apéritif le soir entre collègues). Trouvez des tâches qui vous détendent !
3. Relaxez-vous
La pratique de la méditation et de la relaxation (individuelle, ou collective du fait de l’entreprise) est idéale pour acquérir des capacités d’apaisement. Prenez quelques minutes pour souffler, et accordez-vous toujours une coupure entre vie professionnelle et vie privée : n’enchaînez pas tout de suite avec la gestion de la famille, tout juste après le travail !
4. Faites-vous accompagner
Des groupes de parole trouvent de plus en plus leur place dans les entreprises françaises, pour faire part de vos émotions, des difficultés ressenties, etc. Des formations peuvent aussi vous permettre de vous recentrer sur vous-même et vous remotiver. Dans son obligation de résultat en matière de sécurité et de protection de la santé des employés, votre employeur peut tout autant vous aider : n’hésitez pas à en parler avec lui !